Le 09 avril 2025, l’expert en cybercriminalité, M. Ahmadou Bamba THIAM, a animé une conférence scientifique sur la « Sensibilisation sur la cybercriminalité ». Cette animation scientifique a été organisée par la Cellule Insertion et Partenariat de l’École Supérieure Polytech Diamniadio de l’Université Amadou Mahtar MBOW (UAM).

Face à la communauté universitaire (PER, PATS et étudiants), l’intervenant a dressé un état des lieux complet des enjeux liés à la cybercriminalité et un panorama inquiétant des dérives numériques au Sénégal et dans le monde.

  1. THIAM a souligné l’explosion des actes malveillants via les systèmes informatiques, avec une augmentation notable :
  • Fraudes en ligne (faux transferts d’argent, arnaques aux faux loteries) ;
  • Usurpations d’identité via les réseaux sociaux ;
  • Cyberharcèlement ou chantages sexuels (particulièrement chez les jeunes et les femmes) ;
  • Piratage des données des administrations et PME ;
  • Phishing, espionnage informatique, hacking, etc.

En outre, M. Thiam a insisté sur la nécessité de sensibiliser aux lois en vigueur, face à la montée des infractions : pornographie infantile, prostitution en ligne, atteinte à la vie privée, diffamation, divulgation de secrets et propagation de fausses nouvelles. Il a également souligné l’impact de la “généralisation du journalisme” sur la désinformation, l’incitation à la haine, la diffusion de fausses nouvelles, la dénonciation calomnieuse, etc.

Concernant le cadre juridique et les défis, M. THIAM a rappelé :

  • La Loi relative à la protection des données personnelles ;
  • La Loi sur la cybercriminalité ;
  • L’avancée du Sénégal dans la mise à jour de son Code pénal pour intégrer les infractions cybernétiques.

Il a appelé à l’harmonisation des politiques de sécurité au sein de l’UEMOA, de la CEDEAO et de l’UA, citant la Convention de Budapest comme référence.

Cependant, plusieurs défis persistent :

  • Insuffisance de moyens techniques pour les forces de l’ordre ;
  • Lenteur des procédures judiciaires face à des cybercriminels souvent basés à l’étranger ;
  • Collaboration insuffisante entre États africains pour traquer les réseaux transnationaux.

Pour renforcer la cybersécurité au Sénégal, M. THIAM a proposé :

  • Renforcer l’éducation numérique dès le scolaire (modules de sensibilisation) ;
  • Former les professionnels (magistrats, policiers, banquiers) aux nouvelles techniques d’investigation ;
  • Créer un écosystème de confiance entre États, entreprises et citoyens ;
  • Encourager les startups locales en cybersécurité pour des solutions adaptées.

Il a insisté sur le rôle des universités, notamment l’UAM, pour :

  • Intégrer des parcours spécialisés en cybersécurité ;
  • Soutenir la recherche appliquée pour anticiper les futures menaces.

Cette conférence a mis en lumière l’urgence d’une mobilisation collective contre la cybercriminalité au Sénégal. Entre renforcement législatif, éducation et innovation technologique, les pistes d’action sont nombreuses, mais requièrent un engagement soutenu des pouvoirs publics et des citoyens.