Les députés de la commission éducation de l’Assemblée nationale se sont rendus hier sur les chantiers du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche dans la région de Dakar. Cela entre dans le cadre d’une série de visites que les deux parties ont initiées. Au cours d’une journée marathon, Le ministre Mary Teuw Niane et sa délégation ont été tour à tour à l’Ucad, dans la banlieue et à Diamniadio. Une vingtaine de bâtiments ont été visités dont près de quinze pour l’université de Dakar. Dans cet endroit, la plupart des chantiers ont vu les gros œuvres presque terminés. Il en est de même des espaces numériques ouverts (ENO) de Pikine et Guédiawaye, très avancés. ‘’Je suis très satisfait de l’Etat d’avancement des chantiers à l’Ucad. Beaucoup de bâtiments ont été livrés. L’amphi 7, les amphis communs (Ousmane Socé, Boila, Jean Capel) et l’amphi Mbaye Guèye. Nous avons aussi visité le nouveau bâtiment du Cesti en phase d’achèvement. À l’Ucad, globalement, les choses avancent très bien’’, se réjouit-il. À la Cité du savoir également située à Diamniadio, la médiathèque, le centre de mutualisation et de partage avancent à grands pas. Le siège de l’Anaq-sup n’a pas encore dépassé les fondations. Quant au siège de l’UVS, il n’a pas encore démarré. Mais il ne saurait tarder, assure le ministre. Pour ce qui est de la maison de la science, il y a une double vitesse. Une partie du bâtiment est presque finie. Mais l’autre qui abrite l’aquarium est à la phase de fondation du fait de questions très techniques qu’il fallait prendre en compte. Il s’agit en fait de micropieux et de pieux (poteaux en ciment enfoncé jusqu’à 15 mètres parfois), puisque le sol de cette nouvelle ville est constitué d’argile gonflable. C’est d’ailleurs ce même problème qui s’est posé avec l’université Amadou Makhtar Mbow. Aujourd’hui, cette unité qui a connu beaucoup de retard sort des terres. Certains bâtiments prennent forme, d’autres sont à l’étape de fondation. Mais aucun d’entre eux ne repose sur terre. Grâce aux pieux, il y a toujours un espace entre la fondation et le sol, appelé vide de sécurité. C’est pour éviter que l’argile gonflable dérange la structure du bâtiment. Le ministre espère bientôt pouvoir en disposer. ‘’Pour l’essentiel, d’ici décembre 2017, les chantiers seront livrés’’, espère-t-il. Cependant, l’université Amadou Makhtar Mbow (UAM) va connaître deux phases dans la réception. Le ministère prévoit de réceptionner en fin d’année un bâtiment de R+4 et le Rectorat, afin de démarrer l’année prochaine avec une cohorte de 6 000 étudiants. Et les restes des chantiers vont suivre après. Mais tout n’est pas dans les délais. En guise d’exemple, lors de la caravane de l’enseignement supérieur en octobre 2015, les deux amphis de la Fac de droit étaient déjà déshabillés. Actuellement, les ouvriers sont au stade de la pause des moquettes. Ce qui veut dire qu’il y a un grand retard. L’Amicale de la faculté n’a pas d’ailleurs raté l’occasion de la visite du ministre. Le président Ahmadou Bamba Sène a fait entendre à Mary Teuw Niane leurs doléances. ‘’Nous avons étudié 13 mois sans bibliothèque, les TD se font dans des conditions très difficiles. Dans les chapiteaux, nos camarades tombent en syncope. On est obligé d’emprunter un véhicule pour les évacuations’’, soupire-t-il. Un ratio d’un lit pour trois étudiants Les étudiants veulent que le niveau supérieur qui comprend la bibliothèque, les salles de TD et les bureaux des profs leur soit livré. Le ministre n’a pas voulu prendre un engagement. Il a demandé à ses interlocuteurs de patienter. Pour ce qui est de la requête, il est prévu une réunion multipartite. Un exemple qui conforte la thèse du Saes qui doute de la sincérité des délais retenus. Même si Ibrahima Daly Diouf le coordonnateur du Campus de Dakar reconnaît et salue les travaux, il estime que certains risquent de dépasser les dates retenues. Parmi les chantiers visités, il y a également le volet social. Il s’agit des 4 000 lits de l’Ucad qui sont au stade des gros œuvres. Selon le ministre, l’Ucad est aujourd’hui à un lit pour 18 étudiants. Après la livraison, le ratio sera d’un lit pour 7 étudiants. Ces travaux entrent dans le cadre des 10 000 lits pour toutes les universités du Sénégal. À côté de cela, il y a un projet de 18 000 lits dont 15 000 pour l’Ucad et 3 000 pour l’UAM. Ce qui, d’après le ministre, permettra d’arriver à un lit pour trois étudiants, les standards mondiaux. Ce dernier projet est un PPP. Des privés financent, assurent la maintenance et louent à l’Etat pendant 15 ans, avant de lui céder les infrastructures. Si l’on en croit Mary Teuw Niane, à l’issue de la Concertation sur l’avenir de l’enseignement supérieur, le Président Macky Sall s’était engagé à investir 302 milliards dans ce département. À ce jour, les évaluations des engagements se situent à 440 milliards. Autrement dit, 2,5% plus que ce qui a été fait durant les 56 ans d’indépendance, aux dires même de l’ancien recteur de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis.